Avant toute démarche de transformation ou de définition de stratégie, il est indispensable de comprendre l’état actuel du système d’information.
Le diagnostic stratégique du SI constitue une étape préalable essentielle :
Il permet d’identifier les forces, les faiblesses, les risques, les opportunités, et de situer le SI par rapport aux objectifs stratégiques de l’entreprise.
Un diagnostic bien mené est à la fois technique, fonctionnel, organisationnel, financier et humain.
Il permet de prendre des décisions éclairées, d’objectiver les besoins, d’engager les parties prenantes et de poser les bases d’un plan de transformation crédible.
La première étape du diagnostic consiste à en définir le périmètre, les objectifs, les parties prenantes impliquées et la méthodologie retenue.
Il s’agit de savoir ce que l’on cherche à analyser (infrastructure, applications, données, processus, compétences...), avec quel niveau de détail, dans quels délais, et pour répondre à quelles questions stratégiques.
Ce cadrage peut s’appuyer sur des guides de bonnes pratiques comme COBIT, ITIL, TOGAF ou ISO/IEC 20000.
Il est fondamental que la démarche soit pilotée, transparente et documentée, afin de garantir son appropriation par les acteurs concernés.
Plusieurs outils permettent de conduire un diagnostic stratégique solide :
Ces outils doivent être adaptés au contexte de l’entreprise, et combinés pour produire une vision systémique.
La cartographie du SI constitue un outil central du diagnostic.
Elle permet de visualiser l’ensemble des composants du système d’information (applications, infrastructures, flux de données, interfaces, processus), leurs interdépendances, leurs obsolescences et leurs alignements avec les besoins métiers.
Plusieurs niveaux de cartographie peuvent être mobilisés :
L’usage de méta-modèles comme ArchiMate ou d’outils d’urbanisation du SI peut éclairer la démarche et faciliter le dialogue entre acteurs métiers et techniques.
Une autre dimension fondamentale du diagnostic est l’évaluation de la maturité du SI, selon des référentiels comme le CMMI, COBIT ou ITIL.
Il s’agit de mesurer la qualité des processus de gestion IT, la performance des services, la capacité à innover, à répondre aux besoins métiers et à accompagner la transformation digitale.
Cette évaluation peut porter sur :
Les résultats doivent être partagés, commentés et utilisés comme levier d’amélioration continue.
Le diagnostic ne doit pas être une étude descendante conduite par quelques experts.
Il doit être participatif, transversal, impliquant les directions métiers, les utilisateurs, les architectes, les exploitants, les partenaires.
Cette implication permet de faire remonter des irritants, de découvrir des usages non documentés, d’identifier des besoins latents.
Elle favorise l’adhésion au changement futur.
Des interviews, ateliers, enquêtes de satisfaction, séances de co-construction peuvent être organisés pour recueillir ces informations qualitatives.
Le diagnostic doit aboutir à une synthèse claire, structurée, compréhensible par tous.
Elle doit formuler les principaux enjeux stratégiques pour le SI :
Cette synthèse constitue la base de départ du schéma directeur ou de la feuille de route IT.
Un diagnostic stratégique du SI bien mené est un puissant levier de transformation.
Il permet de comprendre, de prioriser, de mobiliser.
Il transforme des intuitions en données exploitables, des tensions en chantiers structurés.
Après le diagnostic, vient le moment de la projection.
La vision stratégique du SI n'est pas un simple slogan ni une déclaration d'intention.
C'est une représentation structurée et partagée de ce que l'entreprise souhaite que son système d'information devienne à moyen et long terme.
Elle doit refléter l'ambition globale de l'organisation, ses valeurs, ses orientations stratégiques et ses choix structurants.
Une bonne vision n'est ni trop vague, ni trop technique.
Elle fixe un cap tout en laissant une marge d'interprétation pour s'adapter au réel.
Elle permet d'unifier les efforts, de motiver les équipes, d'arbitrer les priorités.
La vision ne peut être le fruit d'un seul homme ou d'un petit cercle d'experts.
Elle doit être co-construite avec l'ensemble des parties prenantes : direction générale, directions métiers, DSI, partenaires, utilisateurs finaux.
Cette co-construction garantit l'appropriation, la pertinence et la durabilité de la vision.
Des ateliers de travail stratégique, des séminaires de projection, des entretiens ciblés peuvent être organisés pour faire émerger les grandes lignes directrices.
L'objectif est d'obtenir une représentation collective de la destination visée, des ruptures souhaitées, des valeurs à porter.
La vision du SI ne peut se déconnecter de celle de l'entreprise.
Elle doit en être le reflet, l'extension, le support actif.
Pour cela, il est nécessaire d'identifier les enjeux clés de l'organisation (croissance, internationalisation, diversification, excellence opérationnelle, développement durable, agilité organisationnelle...) et de décliner leur traduction en matière de SI.
Par exemple, une stratégie centrée sur l'expérience client devra se traduire par un SI orienté CRM, omnicanalité, personnalisation, réactivité.
Une ambition d'internationalisation implique une interopérabilité accrue, une gestion multi-langue, une architecture modulaire.
Plusieurs cadres peuvent être mobilisés pour formaliser une vision SI solide et communicable.
Le Balanced Scorecard (BSC) permet de relier les objectifs stratégiques à des axes d'action concrets : performance financière, satisfaction client, excellence opérationnelle, apprentissage organisationnel.
Le modèle TOGAF fournit une architecture de pensée permettant de décrire la vision en termes d'architecture métier, fonctionnelle, applicative, technique et de sécurité.
Il aide à traduire une ambition en états cibles, à identifier les écarts, à planifier les évolutions.
Les outils d'OKR (Objectives and Key Results) permettent quant à eux de formuler la vision sous forme d'objectifs ambitieux et de résultats mesurables, facilitant le pilotage.
La vision stratégique du SI ne doit pas être uniquement un document interne.
Elle doit être expliquée, portée, incarnée.
Elle doit donner du sens aux changements à venir, répondre aux interrogations des collaborateurs, réduire les peurs, stimuler l'engagement.
Il est donc essentiel de la traduire en messages clairs, de la communiquer de manière régulière, d'en faire un outil de mobilisation collective.
Elle peut s'accompagner de supports visuels, de séries de rencontres, de chartes de transformation.
La vision doit se décliner en axes structurants :
Ces axes permettent de construire une feuille de route cohérente, articulant ambitions, chantiers, investissements, gains attendus.
Définir une vision stratégique du SI, c'est offrir à l'organisation un horizon commun, un fil conducteur pour les choix à venir, un levier de mobilisation.
C'est transformer un diagnostic en ambition, une réalité en futur désiré.
Le chapitre suivant abordera la définition de la cible organisationnelle et technique du SI : comment concevoir un modèle opérationnel aligné sur la vision et les capacités attendues.
Une fois la vision stratégique du SI formulée, l’enjeu devient de la traduire en un modèle cible concret, cohérent et opérationnel.
Le système d’information cible (ou SI cible) est la représentation de ce que devra être, dans quelques années, l’ensemble du dispositif numérique de l’entreprise : ses architectures, ses processus, ses données, ses compétences et son organisation.
Il ne s’agit pas d’imaginer un futur idéaliste ou d’empiler des technologies de pointe.
Il s’agit de concevoir un modèle soutenable, aligné sur la stratégie, capable de supporter les objectifs métiers, et réaliste au regard des contraintes de l’entreprise.
Le premier élément est le cadrage.
Que doit contenir la cible ?
Elle ne doit pas couvrir uniquement l’architecture technique, mais englober aussi les processus, les compétences, les outils collaboratifs, la gouvernance, les données, la sécurité.
Une cible pertinente est systémique : elle articule l’ensemble des dimensions du SI et de son écosystème.
Elle repose sur un cadre méthodologique clair (par exemple le cadre TOGAF ou ArchiMate) et sur une démarche participative.
Le modèle TOM (Target Operating Model) peut aussi être utile pour penser la cible dans ses dimensions organisationnelles, fonctionnelles, technologiques et humaines.
La construction du SI cible passe par la création de cartographies d’états futurs :
Ces cartographies doivent être cohérentes entre elles, réalisables, documentées, communicables.
Elles servent de référence pour les équipes IT, mais aussi pour les métiers.
Concevoir un SI cible, c’est aussi imaginer une gouvernance et une organisation cible.
Les nouveaux modèles d’organisation (DSI orientée produit, gouvernance agile, bimodalité IT) doivent être analysés au regard du contexte culturel et opérationnel.
Il s’agit de définir des rôles clairs, une responsabilité partagée, une capacité à piloter l’exécution.
Le cadre SAFe (Scaled Agile Framework) peut être utile pour penser la gouvernance d’un portefeuille produit en environnement complexe (encore faut il qu'il soit bien piloté).
Une autre approche consiste à définir les capacités cibles : quelles compétences, quelles plateformes, quelles capacités analytiques, quelles aptitudes à réagir, à s’adapter, à innover ?
La modélisation des capacités (capability mapping) permet de lier directement les attentes stratégiques et les investissements SI.
Elle favorise un langage commun entre DSI et directions métiers, en mettant l’accent sur la valeur plutôt que sur les solutions.
Cette démarche peut s’appuyer sur les bonnes pratiques issues de TOGAF, du BABOK (Business Architecture Body of Knowledge).
La cible n’a de sens que si elle est réaliste et atteignable.
Il faut donc lui associer une trajectoire, c’est-à-dire un plan de transformation par étapes, en tenant compte des contraintes de moyens, de compétences, de gestion du changement.
Les principes directeurs sont également essentiels : ils guident les choix tout au long de la transformation (ex : API first, cloud by default, data centric, agilité par défaut, sécurité intégrée).
Ces principes doivent être définis collectivement, formalisés, diffusés, et utilisés comme grille de lecture lors des comités de pilotage ou des arbitrages techniques.
Le SI cible n’est pas une fin en soi.
Il est un outil de transformation.
Il permet de clarifier l’ambition, de rendre concret un avenir souhaitable, de piloter les changements dans la durée.
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